Le phénomène est récent, il a commencé en 2008 et prend de l'ampleur pour voir désormais une soixantaine d'établissements proposer des voitures à double commande, identiques à celle des auto-écoles, dans toute la France. Deux cents voitures seraient disponibles dans l'hexagone, dont une grande majorité à Paris et dans sa proche banlieue.
Si l'activité est naissante, elle est prometteuse, en tout cas assez pour que les centres auto Feu Vert expérimentent l'opération en Ile de France et que les syndicats d'auto-école y voient une concurrence déloyale. Pourtant, les deux activités sont diamétralement opposées au point d'être complémentaires.
Si l'activité est naissante, elle est prometteuse, en tout cas assez pour que les centres auto Feu Vert expérimentent l'opération en Ile de France et que les syndicats d'auto-école y voient une concurrence déloyale. Pourtant, les deux activités sont diamétralement opposées au point d'être complémentaires.
De la location, mais pas de la formation
Il faut dire qu'en proposant 1 heure de pratique avec un véhicule à doubles-commandes pour seulement 12-14 euros, l'opération semble séduisante quand dans une auto-école l'heure de conduite est facturée 45-50 euros dans les grandes villes. Évidemment, le service n'est absolument pas le même, d'un côté il y a simplement la location d'un véhicule et de l'autre, il y a une leçon de conduite avec un moniteur diplômé, un agrément pour l'établissement et donc les charges et la fiscalité qui s'y rattachent.
Une pratique légale qui engendre parfois une pratique illégale
La différence fondamentale entre les deux activités est donc l'absence de moniteur, sauf que trouver un moniteur qui travaille au noir et qui a envie d'arrondir ses fins de mois reste une opération assez facile, voire facilitée par certaines enseignes de la location. Cette pratique jette aujourd'hui de l'huile sur le feu dans la relation conflictuelle entre auto-écoles et loueurs.
Au cœur des débats, une longue bataille de lobbying pour faire modifier l'article cinq de l'arrêté du 18 juin 2010 relatif à l'apprentissage de la conduite des véhicules à moteur de la catégorie B à titre non onéreux, qui impose une formation de sept heures minimum pour l'accompagnateur et qui a été suspendu par le Conseil d'État à la date du 21 octobre 2011. Le retour de cet article est donc l'obligation de formation pour l'accompagnant et attendue avant la fin de cette année 2012 selon le CNPA. Cela aurait pour impact immédiat de réduire considérablement cette activité de location de véhicules à doubles-commandes qui présente néanmoins des avantages pour le candidat dans certain cas.
Au cœur des débats, une longue bataille de lobbying pour faire modifier l'article cinq de l'arrêté du 18 juin 2010 relatif à l'apprentissage de la conduite des véhicules à moteur de la catégorie B à titre non onéreux, qui impose une formation de sept heures minimum pour l'accompagnateur et qui a été suspendu par le Conseil d'État à la date du 21 octobre 2011. Le retour de cet article est donc l'obligation de formation pour l'accompagnant et attendue avant la fin de cette année 2012 selon le CNPA. Cela aurait pour impact immédiat de réduire considérablement cette activité de location de véhicules à doubles-commandes qui présente néanmoins des avantages pour le candidat dans certain cas.
À qui s'adresse la location d'une voiture à doubles-commandes ?
Les principaux loueurs imposent aux élèves conducteurs d'avoir déjà effectué 20 heures de conduite en auto-école avant de pouvoir louer une voiture à doubles-commandes. Par conséquent, la filière locative ne peut offrir une formation complète et intégrale. Pouvoir louer une voiture à doubles-commandes présente des avantages pour le candidat au permis de conduire, notamment en lui permettant de travailler une problématique ou une difficulté particulière et personnelle. Un autre avantage est de proposer une solution pour les filières de la conduite accompagnée et supervisée en permettant l'accès à un véhicule adapté à l'apprentissage. Sur ce point, si le véhicule familial est par exemple un gros 4x4, une voiture puissante ou une voiture trop ancienne ou bien encore un véhicule de société (ce qui pose des problèmes d'assurance), pouvoir louer une petite Renault Clio est donc une opportunité qui ne vient pas en concurrence directe avec les auto-écoles. Reste à savoir si la conduite accompagnée est le meilleur choix pour une famille qui n'a pas de véhicule adapté. La location d'une voiture à double commande reste enfin la seule possibilité de faire aboutir une formation en candidat libre qui est autorisée par la loi.
En pratique, la candidature libre est avant tout une possibilité de se sortir d'une situation d'échec par rapport au permis, et donc pour des candidats déjà perdus par les auto-écoles. Dans le détail, il faut reconnaître enfin que le succès de la location est essentiellement parisien et dans les grandes villes, c'est-à-dire des lieux où l'apprentissage de la conduite est compliqué en premier lieu à cause des problèmes de circulation ou de disponibilité pour une population active. Avoir la possibilité de faire de la pratique entre 20 et 22 heures ou le dimanche présente donc des avantages certains.
La filière locative a donc sa place dans le paysage français de la formation à la conduite, au même titre que la conduite accompagnée ou supervisée. Mais attention aux mirages, dans tous ces exemples, il existe un vrai décalage entre la définition de la conduite quotidienne par le grand public et ce qui est demandé le jour de l'examen au permis. C'est comme ça, le permis et la conduite de tous les jours sont deux choses différentes.
En pratique, la candidature libre est avant tout une possibilité de se sortir d'une situation d'échec par rapport au permis, et donc pour des candidats déjà perdus par les auto-écoles. Dans le détail, il faut reconnaître enfin que le succès de la location est essentiellement parisien et dans les grandes villes, c'est-à-dire des lieux où l'apprentissage de la conduite est compliqué en premier lieu à cause des problèmes de circulation ou de disponibilité pour une population active. Avoir la possibilité de faire de la pratique entre 20 et 22 heures ou le dimanche présente donc des avantages certains.
La filière locative a donc sa place dans le paysage français de la formation à la conduite, au même titre que la conduite accompagnée ou supervisée. Mais attention aux mirages, dans tous ces exemples, il existe un vrai décalage entre la définition de la conduite quotidienne par le grand public et ce qui est demandé le jour de l'examen au permis. C'est comme ça, le permis et la conduite de tous les jours sont deux choses différentes.
Qui loue des voitures à doubles-commandes ?
Permis Malin nous a donné quelques chiffres relatifs à son activité sur l'ensemble du territoire français afin de mieux cerner son client. Dans le détail, l'âge moyen de son locataire est de 28 ans et c'est une femme à hauteur de 69,7 % (hommes : 30,3 %)
Qualité de l'accompagnateur sur un échantillon de 15 180 clients :
31,6 % : Non précisé 28,2 % : Parents 17,9 % : Ami 13,1 % : Conjoint 4,6 % : Frère ou sœur 2,4 % : Autre 0,9 % : Moniteur bénévole 0,8 % : Enfants 0,5 % : Collègues de travail (Chiffres Permis Malin)
Qualité de l'accompagnateur sur un échantillon de 15 180 clients :
31,6 % : Non précisé 28,2 % : Parents 17,9 % : Ami 13,1 % : Conjoint 4,6 % : Frère ou sœur 2,4 % : Autre 0,9 % : Moniteur bénévole 0,8 % : Enfants 0,5 % : Collègues de travail (Chiffres Permis Malin)
Interview de Julien Laziou, gérant de Permis Malin
Quelles sont les conditions pour louer une voiture à doubles-commandes ?
C'est très simple, il faut 5 ans de permis pour l'accompagnateur et 20 heures de formation pour l'apprenti conducteur, qui doit nous présenter son livret d'apprentissage, ensuite il y a une caution de 500 euros.
Quels sont les services que vous proposez ?
Aujourd'hui, nous fonctionnons grâce à un arrêté qui est celui de la candidature libre, ce qui nous a permis de mettre en place notre concept. Nous avons mis quelques restrictions, notamment l'obligation d'avoir déjà réalisé 20 heures de formation de conduite. Notre idée est d'être complémentaire avec l'auto-école, mais en aucun cas de se substituer à elle, et alors que l'Arrêté le permet. Nous avons des horaires décalés par rapport à l'auto-école : nous sommes ouverts tous les jours, dimanche compris donc et parfois jusqu'à 22 heures. Concrètement, nous fonctionnons quand les auto-écoles sont fermées. Nous proposons en fait, ni plus ni moins que le même service qui est proposé en Belgique, ou en Angleterre par exemple.
Qui sont vos clients ?
Nous n'avons pas de clients jeunes, la catégorie entre 18 et 23 ans reste sur l'auto-école pour toute sa formation. Nos clients ont généralement plus de 28 ans et sont en situation d'échec par rapport à l'auto-école avec des volumes de 40 ou 50 heures déjà réalisées. Nous avons même des clients en difficulté qui sont envoyés par les auto-écoles. Pour nous, le client idéal est celui qui a ses 20 heures en auto-école, qui travaille avec nous sur une dizaine d'heures, mais qui termine sa formation dans son auto-école. Il faut conduire pour être préparé au permis de conduire et chez nous, 10 heures de conduite c'est un forfait de 150 euros.
La location ouvre-t-elle la porte au travail au noir ?
Nous ne pouvons pas être responsables si nos clients viennent avec leur propre moniteur.
Il y a deux ans, les auto-écoles nous ont attaqués en nous accusant d'être dangereux sur la qualité de l'enseignement par notre filière, désormais nous sommes attaqués sur le travail au noir. Nos clients s'engagent à ne pas rémunérer la personne qui les accompagne. D'un autre côté, il y a beaucoup de moniteurs ayant le statut d'auto-entrepreneur qui proposent leurs services sur Internet.
Pouvez-vous nous raconter l'histoire de Permis Malin ?
Nous avons simplement rebondi sur ce que permet la loi. En 2008, il y avait déjà une entreprise sur ce créneau, c'était Permis pas cher, mais elle n'existe plus. Le concept était présent uniquement sur Internet et il n'y avait pas d'agence physique. Maintenant, nous avons une quarantaine d'agences et une centaine de véhicules à la location. Nous recevons désormais des demandes de franchise de la part d'auto-école. Certains gérants d'établissements veulent créer indépendamment de leur auto-école des structures de location de voiture à doubles-commandes.
Avec le temps, nous réussirons à nous faire une place. Pour l'anecdote, nous louons également nos véhicules aux auto-écoles, en remplacement d'un véhicule accidenté ou immobilisé.
Comment se porte votre activité ?
Notre activité est essentiellement parisienne ou pour les grands centres urbains. En province, nous avons eu des agences localement implantées dans des villes moyennes et l'activité tournait au ralenti. Nous fonctionnons bien là où il a des difficultés pour obtenir son permis, que ces difficultés soient d'ordre de tarifs, de disponibilité et d'organisation et ces problèmes se rencontrent essentiellement dans les grandes villes. En province, l'heure de conduite est également beaucoup moins chère.
C'est très simple, il faut 5 ans de permis pour l'accompagnateur et 20 heures de formation pour l'apprenti conducteur, qui doit nous présenter son livret d'apprentissage, ensuite il y a une caution de 500 euros.
Quels sont les services que vous proposez ?
Aujourd'hui, nous fonctionnons grâce à un arrêté qui est celui de la candidature libre, ce qui nous a permis de mettre en place notre concept. Nous avons mis quelques restrictions, notamment l'obligation d'avoir déjà réalisé 20 heures de formation de conduite. Notre idée est d'être complémentaire avec l'auto-école, mais en aucun cas de se substituer à elle, et alors que l'Arrêté le permet. Nous avons des horaires décalés par rapport à l'auto-école : nous sommes ouverts tous les jours, dimanche compris donc et parfois jusqu'à 22 heures. Concrètement, nous fonctionnons quand les auto-écoles sont fermées. Nous proposons en fait, ni plus ni moins que le même service qui est proposé en Belgique, ou en Angleterre par exemple.
Qui sont vos clients ?
Nous n'avons pas de clients jeunes, la catégorie entre 18 et 23 ans reste sur l'auto-école pour toute sa formation. Nos clients ont généralement plus de 28 ans et sont en situation d'échec par rapport à l'auto-école avec des volumes de 40 ou 50 heures déjà réalisées. Nous avons même des clients en difficulté qui sont envoyés par les auto-écoles. Pour nous, le client idéal est celui qui a ses 20 heures en auto-école, qui travaille avec nous sur une dizaine d'heures, mais qui termine sa formation dans son auto-école. Il faut conduire pour être préparé au permis de conduire et chez nous, 10 heures de conduite c'est un forfait de 150 euros.
La location ouvre-t-elle la porte au travail au noir ?
Nous ne pouvons pas être responsables si nos clients viennent avec leur propre moniteur.
Il y a deux ans, les auto-écoles nous ont attaqués en nous accusant d'être dangereux sur la qualité de l'enseignement par notre filière, désormais nous sommes attaqués sur le travail au noir. Nos clients s'engagent à ne pas rémunérer la personne qui les accompagne. D'un autre côté, il y a beaucoup de moniteurs ayant le statut d'auto-entrepreneur qui proposent leurs services sur Internet.
Pouvez-vous nous raconter l'histoire de Permis Malin ?
Nous avons simplement rebondi sur ce que permet la loi. En 2008, il y avait déjà une entreprise sur ce créneau, c'était Permis pas cher, mais elle n'existe plus. Le concept était présent uniquement sur Internet et il n'y avait pas d'agence physique. Maintenant, nous avons une quarantaine d'agences et une centaine de véhicules à la location. Nous recevons désormais des demandes de franchise de la part d'auto-école. Certains gérants d'établissements veulent créer indépendamment de leur auto-école des structures de location de voiture à doubles-commandes.
Avec le temps, nous réussirons à nous faire une place. Pour l'anecdote, nous louons également nos véhicules aux auto-écoles, en remplacement d'un véhicule accidenté ou immobilisé.
Comment se porte votre activité ?
Notre activité est essentiellement parisienne ou pour les grands centres urbains. En province, nous avons eu des agences localement implantées dans des villes moyennes et l'activité tournait au ralenti. Nous fonctionnons bien là où il a des difficultés pour obtenir son permis, que ces difficultés soient d'ordre de tarifs, de disponibilité et d'organisation et ces problèmes se rencontrent essentiellement dans les grandes villes. En province, l'heure de conduite est également beaucoup moins chère.
L'avis des clients : Pour la sécurité et en complément de l'auto-école !
C'est mon fils Antoine qui m'en a parlé pour avoir la possibilité de s'entraîner. C'est vrai qu'au lieu d'utiliser un véhicule personnel, avoir un véhicule identifié « auto-école » est beaucoup plus facile pour s'insérer dans la circulation par exemple. La perception des autres automobilistes n'est pas du tout la même et nous avons une vraie sécurité. Ensuite, c'est beaucoup moins cher, l'heure de conduite dans notre auto-école est à 47 euros.